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           La rencontre et la relation  

      comme terreau initiatique

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Que veut l’être humain qui part en quête de lui-même, si ce n’est vivre en vérité et traverser le miroir des apparences. Il part à l’aventure de son propre chaos, de sa terre intérieure à travers le vivant qui l’entoure, y cherchant instinctivement un sens, une orientation.

 

« Rencontre » vient du latin «  contra » qui signifie en face de, contre. Dans la définition classique on trouve : hasard, occasion, réunion, joindre mais aussi combat, duel.

 

« Relation » vient de « relatio » qui signifie récit, narration. Y est associé : lien, rapport, connexion, interaction, liaison et contact entre autre.

 

Dans ces deux définitions on trouve des éléments intéressants en ce qui concerne le chemin initiatique. J’y vois la friction nécessaire à la danse humaine. Les contrastes, oppositions et le tissage commun.

 

La relation peut être appréhendée comme un terreau riche et prolifique en terme d’exploration.

Face à un autre, je retrouve mes blessures, mes schémas d’organisation psychologiques, mes enfermements, ma douleur d’être humain. Ne pas faire l’impasse sur ces aspects permet de goûter les autres moins dérangeants à la même mesure. Il s’agit de tout prendre sans vouloir s’échapper car dans tous les recoins de mon être je suis amené à grandir, c’est à dire voir, sentir, éclairer, accepter ce qui s’y déroule comme jeu. Être attentif lors de ce déroulement c’est être en vie.

 

La bonté envers moi-même et l’acceptation de mes limites me permettent de jouer authentiquement sans avoir à créer de personnage étriqué et figé. Et dans cette danse quelque chose de vrai et de sensible peut se donner et créer un accès à la beauté, à l’espace naturel du vivant. Le partage resplendit dans le sans pourquoi au cœur du non savoir.

 

Ainsi dans le cœur de la rencontre initiatique, je me vide progressivement de mes concepts et je viens vers l’autre pour découvrir les siens. Je retrouve en lui d’autres contenus qui se vident à nouveau dans le rien qui nous constitue. Il y a un principe de vases communicants.

 

A mesure que le temps et l’espace deviennent moins serrés, je peux me réorganiser autrement, sentir l’appel à créer et à déposer en moi des nouvelles perspectives d’être. Me laisser vivre la douleur et accepter la tranquillité comme elles se présentent. Je suis constitué de matériaux qui forgent mon rapport à l’existence et la transformation qui s’opère ne m’appartient pas. Je suis venu pour me laisser traverser, me laisser initié.

 

Je retrouve au-delà d’une vision duelle de la relation, une forme de consécration joueuse dans laquelle je suis au plus près de ce qui m’habite, je deviens un guetteur de mes peurs, de mes doutes, de mon attraction, je commence à aimer jouer à vivre en vérité. Je libère mes actes de toute intention fixe et part à la découverte du jeu prolifique de la vie. A travers la rencontre, je peux voir le jeu libre du vivant et retrouver le fil créatif de nos échanges, de nos partages, de ce déploiement sans pourquoi, le fil aimant de la vie, de la danse infinie de l’Être.

 

Je peux me sentir plus présent à la ligne du vivant et me laisser tracer par elle à travers les expériences proposées.

 

Je peux alors vivre sans avoir besoin de me distraire de moi-même ou de convoiter, vivre en ayant juste assez de courage pour voyager encore d’instant en instant dans mon propre territoire initiatique et tenir la rampe du vide précieux qui me redessine constamment.

 

Ainsi j’observe la beauté dans l’informe de la rencontre autant que dans les cadres et les codes sociaux et je vois que la vie n’a pas de préférence ni de hiérarchie. Elle vibre sa vérité unique en permanence et nous filtrons avec nos mémoires et nos schémas d’appartenance ce qui n’a pas fondamentalement besoin de l’être.

 

Si nous voulons de nouveau créer un cadre « spirituel » de compréhension avec l’idée d’apporter du neuf au vieux monde nous risquons de nouveau de remplir nos poches d’amertume voire de désespoir car ce qui fait sens n’est pas un lieu construit par un mental soumis aux exigences du bien-être ou de la spiritualité de bazars, mais plutôt une danse intime qui grandit en nous et par nous, par notre acte d’être en vie au cœur même de ce cadeau terrifiant qu’est la vie humaine.

 

L’initiation est telle une question suspendue au fil de notre existence et qui nous fait danser. Elle n’apporte ni confort ni définitions figées, ni postures ni dogmes.

 

C’est en nous livrant à l’intensité du réel que s’allume le feu de la joie, lui-même qui par delà nos attachements à ceci ou cela vibre la passion avec laquelle nous pouvons devenir des humains plus éclairés.

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                                                                                                                     13/06/2020

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