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Toucher la surface

       

            Le toucher comme art

         de vivre au  présent

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Toucher, Être touché, c’est quoi au juste ? Comment le toucher participe-t-il de la vision  initiatique? Comment induit-il aussi notre rapport au corps, au monde, au « moi » changeant, voici des questions qui méritent probablement plus d’attention.

 

Le corps vécu comme entité séparée du tout n’est pas touché, appréhendé de la même façon que le corps unité, le corps retrouvé, réunifié dans l’espace du bien-aimé, de la conscience une.

 

Lorsque je peux inaugurer ma passion d’aimer par un toucher sans intention, je participe de cette fête dans la déconstruction des habitudes mentales et tactiles qui me viennent des schémas et conditionnements du passé individuel et collectif. Je me déconditionne de ma saisie mentale et tactile. Je laisse le corps expérimenter sa nature originelle, transparente et sans masques.

 

Lorsque je peux devenir assez étanche à tout désir de plaire ou de ne pas plaire, et juste résider ici dans l’incompréhensible présent, alors je peux être touché par l’évidence du non faire.

 

De cela, le geste clair peut surgir tel l’épée qui tranche l’espace sans concept, telle la caresse qui dépasse l’entendement par sa douceur, aucune idée sur le faire et un autre sous mes mains mais juste une danse qui ne se partage qu’avec la passion du geste dévoué.

 

Le mouvement se donne dans l’échange, la valse des cœurs est initiatrice d’un goût, d’une saveur unique à laquelle le corps peut se donner sans attentes.

 

Dans un temps autre que le temps ordinaire, les nœuds deviennent relâchement et la vie circule autrement dans les couches subtiles du non savoir. Le corps de joie retrouve l’état initial de clarté sans subjectivité.

 

Le désir d’être toucher qui parasite le corps vibratoire par la saisie et le besoin d’exister sur un mode binaire ( exister ou ne pas exister ) est un programme à ressentir puis laisser aller.

 

Qu’en est-il lorsque le corps détaché de l’illusion du moi peut s’envoler dans un état sans état ? être au-delà du sentir ? frémir du silence sans intention ?

 

Dans cette intensité sans forme renaît le plaisir de jouer sans concepts, la vie sans la vie, la mort sans la mort. L’évidence d’être, vulnérabilité et force sans limites.

 

Ce qui demande le plus d’attention au début de ce type d’exploration me semble être l’appropriation de ce qui est là. C’est à dire la façon avec laquelle nous sommes attachés au fait d’être regardé et appréhendé par un autre et aussi, pour celui qui « donne », comment il croit souvent être le chef d’orchestre alors qu’il ne fait que suivre la danse dévouée du souffle.

 

La respiration est effectivement le point d’ancrage de cette pratique qui peut ensuite devenir plus libre d’appartenance. Cela toutefois reste à explorer car à chaque fois c’est une nouveauté dans laquelle tout ce qui peut nous sembler intégré peut à nouveau se rejouer autrement.

 

Cela demande donc une forme de neutralité sur la question d’un résultat. Ce type de toucher ne convient pas à un public en recherche de thérapeutique ou encore de bien-être. Il s’agit ici d’un démantèlement doux et subtile de nos accroches personnelles à un fonctionnement psychologique habituel et donc il va de soi que quelque soit notre tendance à vouloir ou non nous dés-identifier, le corps va manifester des choses qui peuvent nous transporter au-delà de notre zone de confort.

Cela suppose une capacité à laisser être tout en restant dans une attitude de dévouement envers notre guidance intérieure, manifestée par le souffle.

 

12/06/2020

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